Technologie et organisation : la transversalité comme facteur de réussite

Publié le 20/06/2022

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Le territoire intelligent français est le résultat d’un processus global de transition numérique des collectivités territoriales. La multiplication des interactions entre les acteurs rend ces territoires plus complexes, et le numérique peut alors aider à collaborer de manière plus agile. Ainsi, au cœur de ces territoires intelligents, une dynamique nouvelle se dessine en 3 axes : données, collaboratif, et agilité. Mais quelle organisation est-elle la plus adaptée à cette complexité ?

La centralisation est une option pertinente pour certains territoires ...

Tels que le démontrent les multiples cas d’applications sur les territoires, la centralisation des processus semble être une option pertinente et efficace dans les projets de territoires intelligents.

La centralisation est une forme d'organisation administrative qui concentre la gestion et la prise de décision dans un lieu unique. Dans les territoires, la centralisation des compétentes permet la mise en place des projets dits « intelligents » qui peuvent nécessiter des compétences ou une organisation particulière. Aussi, cette centralisation prendra 2 formes dans ces territoires : elle pourra se faire autour d’une compétence/d’un métier, ou bien pour plusieurs compétences.

Dans le premier cas, le territoire pourra choisir une gestion centralisée de sa compétence mobilité, eau ou encore déchets, par exemple. Cela se concrétisera sous la forme d’un Poste Central de Commande (aussi appelé PCC), permettant aux personnes assignées de gérer de manière simple et centralisée cette compétence sur tout le territoire. Il existe par exemple plusieurs « PCC Mobilité », ou encore un Centre de pilotage « Suez Visio. »

Dans le cas d’une centralisation multi-métiers et multi compétences on verra plutôt se développer une logique d'"hyperviseur centralisé". Cette logique multi-métiers est illustré par exemple par le PCC, Poste Pilotage Connecté ou bien Poste Commandement Centralisé de Dijon, avec la mise en place d'un outil centralisé et connecté de gestion des équipements publics, ou encore dans l'appel d’offre en cours à Chalons en champagne. Une telle centralisation multi-compétence permet d’optimiser et de mutualiser les équipements urbains (feux de circulation, éclairage public, caméras...) afin de faciliter la gestion de l'espace public.

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Enfin, la relation citoyen suit la même tendance, avec par exemple le numéro d’appel unique. On voit donc que la technologie est prédominante dans ce type d’approche.

Ainsi, l’organisation du territoire, la technologie mise en place et son pilotage, doivent être pensés pour s‘adapter à l’outil centralisé.

La complexité des territoires fait de la centralisation une option qui ne correspond pas à tous les territoires

Cependant, la centralisation demande une vision, un projet politique élu et des soutiens fort dès le départ, afin de construire l’outil qui permettra d’intégrer toutes les problématiques et compétences. Elle requiert aussi des ressources financières massives, et donc un engagement sur la durée, en massifiant des contrats de DSP par exemple.

Ainsi, avec ces nombreux pré-requis, cette solution est inaccessible à de nombreux territoires. En effet, comme l’a montré l’étude de la DGE, la démarche globale, nécessaire à la mise en place d’une telle centralisation n’est pas la plus utilisée. Nombreux sont les territoires qui y préfèrent une démarche plus « pas à pas », incrémentale, par projet ou cas d’usages.

Le sujet clé est alors, pour ces territoires, de réussir à trouver une organisation leur permettant d’avoir assez de souplesse et d’agilité, pour réduire les risques et les coûts, tout en délivrant régulièrement des bénéfices aux citoyens et aux agents.

Il est nécessaire d’adapter l’organisation et la gouvernance aux spécificités du territoire

Le point incontournable dans la réussite des projets de territoires intelligents est la vision du territoire portée à minima par des élus. Cette vision représente le fil rouge, nécessaire pour garder un cap, tout en expérimentant différent outils, dans différents métiers.

Cette vision partagée permet ainsi aux différentes parties prenantes du territoire de s’entendre sur l’amélioration de la collaboration entre acteurs, la gestion de la collecte et de l’échange de données, le pilotage de celles-ci : les fondamentaux du territoire intelligent.

Ensuite, il conviendra à chaque territoire de décliner cette vision en cas d’usages liés à ces besoins et spécificités. Par exemple, démarrer par les plages connectées, pour fédérer l’ensemble acteurs sur des plages eco-responsable, avec une expérience utilisateurs « hors norme » et attractive… Il est cependant primordial de suivre le cap pour ne pas tourner en rond, faire face à des changements de politiques qui représentent un risque majeur et peuvent ne pas être compatibles avec cette approche.

La difficulté résidera donc dans le déploiement du modèle à l’échelle : passer des plages, aux bâtiments municipaux, parc & jardins, puis à l’ensemble de la voirie ?

Le retour d’expérience permanent est donc essentiel pour capitaliser sur un modèle itératif ou l’on peut apprendre de ses succès et erreurs à chaque itération. L’exemple, la transformation et l’adoption des usages, leur intégration dans ce cap/ cette vision globale sont donc prédominant, avant les outils, qui eux pourront changer entre les différents essais, grâce à l’agilité des services SaaS en ligne.


Nous n’en sommes qu’aux débuts des territoires intelligents. La plupart des projets se déroulent aujourd'hui sur des cycles longs de plusieurs années. Les territoires ont donc encore le temps d’adapter leur organisation à ceux-ci, mais doivent prendre en compte cette nécessité dès à présent. La vision cible posée au départ doit donc se décliner dans une stratégie informatique. Le rôle des Directions des SI ou du Numérique est donc essentiel pour accompagner cette vision du territoire : mettre en place une architecture numérique, donnant la capacité à ajouter, ou retirer des outils, et faire de circuler les données pour plus de transversalité sur le territoire.